Gynécologie et obstétrique
La Société suisse de gynécologie et obstétrique formule les cinq recommandations
1) Pas d’administration systématique d’antibiotiques en cas de cystite sans complication et de bactériurie asymptomatique.
La résistance croissante aux antibiotiques au niveau mondial est un problème majeur; c'est pourquoi les antibiotiques doivent être utilisés avec parcimonie. Le taux de guérison spontanée des infections des voies urinaires (IVU) simples est élevé, de 50% à 70%, et seules 1% à 3% des IVU simples non traitées évoluent vers une pyélonéphrite. Une IVU simple avec dysurie, pollakiurie et douleurs suprasymphysaires ne doit pas faire l’objet d’un diagnostic et peut être traitée empiriquement en augmentant l'apport de liquide et en prenant des AINS. Les bactériuries asymptomatiques ne doivent pas être systématiquement dépistées et traitées chez les femmes, qu’elles soient enceintes ou non. Le dépistage et le traitement des bactériuries asymptomatiques sont uniquement indiqués pour les patientes devant subir une opération urogynécologique.
Une étude portant sur le traitement des bactériuries asymptomatiques a montré que les patientes non traitées présentaient moins de récidives et un taux de résistance plus faible en cas d’E. colis détectées que celles atteintes de bactériurie asymptomatique et traitées par antibiotiques. De plus, des complications liées à la grossesse (surtout l'accouchement prématuré) ne peuvent pas être écartées en traitant une bactériurie asymptomatique.
Références:
1. Expertenbrief SGGG No 58.
2. Gupta K, Hooton TM, Naber KG, Wullt B, Colgan R, Miller LG, et al. International clinical practice guidelines for the treatment of acute uncomplicated cystitis and pyelonephritis in women: A 2010 update by the Infectious Diseases Society of America and the European Society for Microbiology and Infectious Diseases. Clinical infectious diseases: an official publication of the Infectious Diseases Society of America. 2011;52(5):e103-20.
3. Cai T, Mazzoli S, Mondaini N, Meacci F, Nesi G, D'Elia C, et al. The role of asymptomatic bacteriuria in young women with recurrent urinary tract infections: to treat or not to treat? Clinical infectious diseases: an official publication of the Infectious Diseases Society of America. 2012;55(6):771-7.
4. Koves B, Cai T, Veeratterapillay R, Pickard R, Seisen T, Lam TB, et al. Benefits and Harms of Treatment of Asymptomatic Bacteriuria: A Systematic Review and Meta-analysis by the European Association of Urology Urological Infection Guidelines Panel. European urology. 2017;72(6):865-8.
2) Pas de frottis cytologique annuel dans le cadre des contrôles gynécologiques réguliers.
Aucune autre maladie cancéreuse ne peut être prévenue de manière aussi efficace par un examen préventif que le cancer du col de l’utérus. Longtemps, un frottis cytologique annuel était recommandé (le «PAP-frottis»). Toutefois, les récents résultats de recherche montrent que, de 21 à 70 ans, un intervalle de 3 ans entre les examens de dépistage est suffisant. Un écart de temps plus important n’est soutenu par aucune étude – ni d’ailleurs un intervalle inférieur à 3 ans, car il pourrait en résulter des traitements excessifs, avec des conséquences telles que stress psychologique, hémorragie vaginale, infections et complications lors d’une grossesse ultérieure.
Références:
1. Expertenbrief SGGG No 50.
2. IARC Working Group on the Evaluation of Cancer Preventive Strategies. IARC handbooks of cancer prevention, Volume 10: Cervix cancer screening. Lyon: IARC Press, 2005.
3. Nicer.org [Internet]. NICER-National Institute for Cancer Epidemiology and Registration. Erhältlich über: www.nicer.org/NicerReportFiles2018/DE/report/atlas.html.
4. Zwahlen M. Nationales Krebsprogramm für die Schweiz 2011–2015 – Früherkennung. [Internet].
5. Melnikow J, T Henderson JT, Burda BU, Senger CA, Durbin S, Weyrich MS. Screening for Cervical Cancer With High-Risk Human Papillomavirus Testing. Updated Evidence Report and Systematic Review for the US Preventive Services Task Force. JAMA. 2018;320(7):687–705.
6. Curry, SJ. Screening for Cervical Cancer US Preventive Services Task Force Recommendation Statement. JAMA. 2018;320(7):674–86.
7. Frey Tirry B, Petignat P, Jacot-Guillarmod M, Mueller MD, Mathias Fehr M, Kind AB. Empfehlungen für die Gebärmutterhalskrebsvorsorge. Expertenbrief No 50. SGGG. [Internet] 1.3.2018.
8. von Karsa L, Arbyn M, De Vuyst H, Dillner J, Dillner L, Franceschi S, et al. European guidelines for quality assurance in cervical cancer screening. Summary of the supplements on HPV screening and vaccination. Papillomavirus Research. 2015;1:22–31.
9. WHO: Screening for various cancers [Internet]. Erhältlich über: www.who.int/cancer/detection/variouscancer/en/. WHO: Screening for various cancers.
3) Pas de bilan hormonal systématique en cas de troubles de la ménopause.
En cas de ménopause diagnostiquée cliniquement sur la base des symptômes et de l’aménorrhée, les dosages hormonaux sont superflus. Les dosages hormonaux ne doivent être réalisés qu’en cas de diagnostic douteux ou en l’absence de réaction des symptômes à l’hormonothérapie aux dosages habituels pour en vérifier l’absorption.
Références:
Expertenbrief SGGG No. 42.
4) Pas de traitement non fondé des myomes ou d'ablation de l'utérus en cas de myomes.
Les myomes de l’utérus sont très fréquents et concernent jusqu’à 70% des femmes de 50 ans. Seuls 20 à 50 % des myomes sont symptomatiques et exigent un traitement. Le traitement doit reposer sur une base individuelle en tenant compte des symptômes, de la phase de vie de la femme et d’un éventuel désir d’enfant. Les myomes asymptomatiques ne nécessitent aucun traitement, le risque de dégénérescence maligne étant extrêmement faible et, en l'absence de symptômes, les femmes n'ont pas à subir une hystérectomie.
Référence:
SOGC Clinical Practice Guideline No 318, February 2015, J Obstet Gynaecol Can 2015;37(2):157-178.
5) Pas d'ablation chirurgicale de kystes ovariens bénins sans symptômes aigus.
En l’absence de symptômes, les kystes ovariens bénins découverts lors d’un examen échographique, ne devraient pas être retirés chirurgicalement. La classification des kystes ovariens en bénins/inoffensifs, suspects et malins doit se faire selon les critères IOTA (International Ovarian Tumor Analysis).
Références:
1. https://www.iotagroup.org/publications
2. Nohuz E, De Simone L, Chêne G. Reliability of IOTA score and ADNEX model in the screening of ovarian malignancy in postmenopausal women. J Gynecol Obstet Hum Reprod. 2019 Feb;48(2):103-107. doi: 10.1016/j.jogoh.2018.04.012. Epub 2018 Apr 28.
3. Virgilio BA, De Blasis I, Sladkevicius P, Moro F, Zannoni GF, Arciuolo D, Mascilini F, Ciccarone F, Timmerman D, Fruscio R, Van Holsbeke C, Franchi D, Epstein E, Leone FPG, Guerriero S, Czekierdowski A, Scambia G, Testa AC, Valentin L. Imaging of gynecological disease: clinical and ultrasound characteristics of serous cystadenofibromas in the adnexa.Ultrasound Obstet Gynecol. 2019 Apr 1. doi: 10.1002/uog.20277. [Epub ahead of print]
4. Valentin L1, Ameye L, Franchi D, Guerriero S, Jurkovic D, Savelli L, Fischerova D, Lissoni A, Van Holsbeke C, Fruscio R, Van Huffel S, Testa A, Timmerman D. Risk of malignancy in unilocular cysts: a study of 1148 adnexal masses classified as unilocular cysts at transvaginal ultrasound and review of the literature.Ultrasound Obstet Gynecol. 2013 Jan;41(1):80-9. doi: 10.1002/uog.12308. Epub 2012 Dec 17.
Genèse de la présente liste
Inspiré par les publications d'autres sociétés de discipline médicale, le Comité de la SSGO a chargé, début 2018, la Commission d'assurance qualité (CAQ) d'établir une liste Top 5 pour la gynécologie et l'obstétrique. Les différents points soumis ont été évalués et cinq d’entre eux ont été sélectionnés dans une procédure de consultation en plusieurs étapes entre le Comité et la CAQ. Les membres de la CAQ ont ensuite vérifié tous les points avec l’évidence scientifique correspondante. La présente liste Top 5 concerne 5 thèmes du domaine de la gynécologie. Aucun thème relatif à l'obstétrique n'a été retenu, mais ceux-ci pourraient faire l'objet d'une liste ultérieure.